Le baseball et les Capitales de Québec me manquent déjà.
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Cet été, j’ai eu la chance de découvrir le baseball, une expérience qui s’est avérée être un véritable coup de foudre. D’ordinaire, je suis plutôt réservé et les sports professionnels ne suscitent pas vraiment mon intérêt.
Je crois que mon désintérêt pour le monde sportif professionnel remonte au départ des Nordiques de Québec. Ah, je dois préciser que dans les années 90, lorsque mes parents ont immigré ici, je suis tombé sous le charme du hockey, et plus précisément de la LNH (Ligue Nationale de Hockey), la plus grande ligue offrant le plus haut niveau de hockey au monde.
Tous les joueurs rêvent de pouvoir y jouer un jour. À Québec, nous avions notre équipe, les Nordiques, que j’adorais suivre. En plus de découvrir cette passion, cela m’a aidé à m’intégrer en tant que jeune immigrant français. Cela me donnait un sujet de discussion avec mes amis à l’école. Au fil du temps, j’ai développé un attachement particulier pour cette équipe et un chauvinisme québécois qui me caractérise encore aujourd’hui.
Mais le jour où les Nordiques ont déménagé, j’ai ressenti une grande perte et mon enthousiasme pour le sport professionnel s’est considérablement atténué. J’ai arrêté de suivre les matchs et un certain cynisme s’est installé en moi : “C’est juste une question d’argent”, me disais-je.
Peu à peu, j’ai perdu cet attachement au sport et surtout à une équipe professionnelle. Jusqu’à ce que…
Un jour, mon cousin et sa conjointe, en visite au Québec, m’ont demandé :
On pourrait aller voir un match de hockey ?
Et je leur ai répondu :
Nous n’avons plus d’équipe en LNH, mais j’ai entendu dire que l’équipe de hockey junior, les Remparts de Québec, est plutôt bonne cette année. Alors, allons-y !
Et voilà, le feu sacré était rallumé. Je suis redevenu un fervent supporter de mon équipe locale. J’ai suivi quasiment tous les matchs des Remparts de Québec, qui ont réalisé un parcours exceptionnel cette année. Je vous partage cette vidéo qui retrace leur incroyable saison :
Mais revenons au baseball…
Pourquoi ce long préambule ? Simplement pour que vous compreniez que, en tant qu’amateur de hockey, je ne pensais jamais pouvoir autant apprécier un autre sport. Un samedi 8 juillet 2023, lors d’un après-midi au bord de la piscine, j’ai suggéré à ma compagne :
Et si on allait voir un match de baseball tous ensemble ?
La famille était surprise, car cela sortait un peu de nulle part, mais nous avons tous pris la direction du Stade Canac. Je dois avouer que ma première visite a été assez déroutante. Le Stade Canac, qui abrite les Capitales, est très ancien, inauguré en 1939. Il a une capacité de 4300 places et son architecture tranche radicalement avec les arénas de hockey et les grands stades de 20 000 places auxquels je suis habitué. Dans les premiers instants, je me suis demandé : “Mais qu’est-ce que je fais ici ?”
Cependant, dès l’entrée, l’animation est omniprésente : DJ Daniel Sylvain met l’ambiance, des vendeurs de hot-dogs sont là, il y a des jongleurs, une boutique de souvenirs, et tout ça sur le parking. En entrant, vous êtes immédiatement plongé dans l’univers des Capitales et du baseball à Québec. Car oui, il y a une grande histoire de baseball dans cette ville, comme vous pouvez le constater à travers les images et les souvenirs qui décorent les murs et les plafonds du stade.
L’histoire du Stade Canac
Avant la guerre, en 1938, les Athlétiques de Québec étaient les premiers à jouer dans ce stade. Après la guerre, l’équipe a changé de nom plusieurs fois : les Alouettes, les Braves, les Indiens, les Carnavals, avant que le baseball ne disparaisse de Québec à la fin des années 70. Le stade a alors été abandonné et a failli être détruit par la ville. Mais grâce à un groupe de citoyens passionnés de baseball et quelques investisseurs, le stade a été rénové et a retrouvé une seconde jeunesse. En 1999, un investisseur a décidé de ramener une nouvelle équipe, les Capitales, et depuis 25 ans, le baseball est de retour à Québec et la passion ne cesse de grandir.
Ce vénérable édifice est une véritable machine à remonter le temps, et c’est ce que vous ressentez dès que vous y entrez. Puis, c’est l’ambiance chaleureuse et la gentillesse du personnel qui vous marquent. Partout, les gens sont aimables et attentifs. Mais surtout, ce sont les supporters autour de vous, tous souriants et heureux d’être là, qui vous font réaliser quelque chose. Vous remarquez qu’il y a des enfants, des familles, et une joie de vivre contagieuse. À l’extrémité est du stade, il y a même un coin réservé aux familles, avec des jeux gonflables.
Tout cela semble trop beau pour être vrai, mais c’est bien la réalité : les gens sont heureux et le baseball à Québec est un merveilleux mélange de genres, de cultures et de générations. Tout le monde est content d’être là, et c’est une expérience rafraîchissante pour quelqu’un qui passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, souvent toxiques et empreints de négativité.
Et voilà venu le moment de retrouver nos places attribuées pour assister au match. C’est là qu’un autre bond dans le passé nous frappe, car de nombreux sièges se présentent sous forme de bancs en bois ! Oui, vous avez bien entendu : des bancs en bois, dépourvus de confort et de commodités modernes. Je l’avoue, cela surprend au premier abord, tant nous sommes désormais habitués à un certain niveau de confort dans les arénas de hockey. À titre comparatif, la petite aréna de mon village, qui accueille l’équipe des Blizzard de Québec, ressemble à un vaisseau spatial ultra-moderne à côté de ce stade de baseball. Cependant, à force d’y retourner et de soutenir l’équipe de baseball, on finit par oublier cet anachronisme que représentent les bancs du Stade Canac.
Revenons à ma première visite : nous nous sommes installés à nos places et avons attendu le début du match. Je dois avouer qu’à part quelques règles de base apprises au cinéma, je n’y connaissais absolument rien. En gros, je savais qu’il y avait un batteur, un lanceur, et qu’un “coup de circuit” était le meilleur coup possible. Mais je me suis mis à analyser et à essayer de comprendre le jeu. J’ai observé le tableau d’affichage, actionné manuellement par une personne et non par un système numérique. Oui, un être humain ajoutant les scores et les manches, prenant le risque de recevoir une balle en plein visage à chaque coup de circuit.
Même sans rien y comprendre, on se laisse emporter par l’ambiance, l’animation, l’animateur et le sport lui-même. Durant ces derniers mois, j’ai découvert le baseball en écoutant la radio, en suivant les matchs de la ligue et en écoutant les commentateurs m’expliquer chaque subtilité du jeu. Et je dois avouer que je suis tombé sous le charme. Comparé au hockey, où tout se déroule à cent à l’heure, le baseball est un sport plus posé. On pourrait dire que si le hockey est un “jeu de tir à la première personne”, le baseball serait plutôt un “jeu de rôle”. Les deux ont leurs charmes, mais le baseball a quelque chose que le hockey n’a pas : la possibilité de voir les stratégies se dessiner et de les apprécier pleinement.
Et cette année, j’ai eu la chance d’assister au sacre de l’équipe de Québec en baseball, car les Capitales ont tout raflé : champions de la division, champions de l’année… Et franchement, c’était beau à voir. J’ai également découvert que les joueurs de cette ligue sont souvent soit de jeunes talents en développement, soit des vétérans en fin de carrière. Mais ce qui les réunit au sein d’une équipe comme les Capitales, c’est l’amour du sport, car les salaires sont loin d’être mirobolants.
Bref, vous l’aurez compris… Je suis à présent passionné par un autre sport, qui s’avère passionnant et extrêmement stratégique une fois qu’on s’y intéresse. La finesse de chaque jeu, de chaque aspect du sport, est stupéfiante. Que ce soit les lanceurs, les différents types de lancers, les manières de frapper la balle, les équipes en défense… À tous les niveaux, la stratégie est présente. Il y a des jeux défensifs, des jeux offensifs, et tout cela est tout simplement fascinant. La manière dont le sport se joue laisse le temps d’apprécier toutes ces nuances, et pour ne rien gâcher, les matchs se déroulent souvent en soirée d’été, au coucher du soleil, et se terminent souvent sous un ciel étoilé, laissant des étoiles dans les yeux de tous.
Et juste à écrire ce billet, je n’ai qu’une hâte : revivre toutes ces émotions !